Pendant plusieurs années, l’aîné aura été le seul enfant avant que la famille s'agrandisse. Cet enfant qui a été une découverte de votre parentalité, comment le responsabiliser sans en faire un parent bis ?
Alain travaille beaucoup et son épouse est hospitalisée. Heureusement, Evans, l’aîné de onze ans aujourd’hui, est là pour aller chercher sa petite sœur à l’école maternelle, la faire manger et prévenir son papa du déroulement de sa journée et de la sienne. Il a tenu ces responsabilités alors qu’il n’était qu’en primaire et il en était fier. La situation a participé à le rendre sûr de lui pour son entrée au collège. Mais un jour, ses professeurs ont prévenu son père qu’il paraissait de plus en plus soucieux en classe, fatigué et irritable. Cette expérience ne s’est pas reproduite lorsque son petit frère Eric est né. Ses parents ont mis un point d’honneur à ne pas faire d’Evans, de nouveau, un parent de remplacement.
L’aîné reste un enfant avant tout
Après deux bambins, sur-responsabiliser l’aîné peut s’avérer risqué pour les parents, qui ne se rendent souvent pas compte de la situation. Ce glissement arrive plus souvent qu’on ne le croit dans les fratries, quand celles-ci comptent notamment trois enfants et plus. Car l’aîné connaît le fonctionnement de la tribu. Il a lui-même déjà essuyé les pots cassés et innové dans de belles trouvailles. Parfois, s’investir dans l’accueil du petit dernier est recommandé dans le cadre de la préparation de la famille à ce changement. Tout est donc question de dosage.
Qu’en est-il dans votre tribu? Faites un petit test rapide : prenez une feuille et listez les tâches confiées à votre aîné. Est-il baby-sitter, cuisinier d’appoint, personnel d’entretien? Vérifiez, maintenant, le nombre d’heures accordées à chacune de ces tâches. Vous serez peut-être désagréablement surpris de voir qu’entre 16 h et 19 h, il a exercé toutes ces responsabilités en plus de ses devoirs et de ses propres occupations personnelles. La matinée est aussi bien chargée entre 7 h et 8 h 30.
Pour autant, il s’agit de ne pas culpabiliser. Cherchez plutôt les causes d’une telle implication. Pouvez-vous changer vos horaires de travail, ou bien créer des liens de confiance avec une autre maman qui s’occupera de vos enfants certains jours et vous des siens un week-end? Parfois, l’accueil du petit dernier entraîne une sur-responsabilisation de l’aîné plus insidieuse qu’on ne l’avait anticipé. L’aîné est rappelé à son rôle d’exemple dont l’importance grandit. Son comportement peut potentiellement influencer plusieurs enfants. Quelle charge psychologique pour certains!
Responsabilité ne doit pas rimer avec fardeau. Si l’aîné montre la voie des principes familiaux, il ne peut en assurer seul la gestion. Il ne peut être jugé responsable des bêtises des uns et des autres, laissés sous sa garde.Parents, souvenez-vous que l’aîné est avant tout un enfant. Il a appris à renoncer à sa place d’enfant unique pour accueillir un nouveau membre et à partager l’amour de ses parents avec sa fratrie.
Paru dans le magazine des couples et des parents Family