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De la peur à l’espérance : regards croisés (2/4)

Dans cet article à deux voix, en première partie, Nathalie Wienin, psychologue du travail, propose une approche culturelle diachronique avec les couleurs habituellement associées à la peur et leur lien avec le corps et les ressentis. En seconde partie, Josepha Faber Boitel aborde les émotions de peur et de confiance à travers quelques mots-clés utilisés dans la Bible pour décrire la peur, à distinguer de la "crainte révérencielle" envers Dieu, tout en offrant des encouragements avec le concept théologique d'espérance, tant pour les croyants que pour les non-croyants, comme support de motivation, bien-être mental et résilience.



Les couleurs de la peur par Nathalie Wienin


Vive les couleurs qui donnent de la force au langage. « Une peur bleue » est plus imagée qu’une peur ordinaire. Elle fait appel à nos représentations et se renforce de ce qualificatif coloré. Mais pourquoi dit-on d’une peur qu’elle est bleue plutôt que mauve ou dorée ? Il faut souvent chercher l’origine de ces expressions dans le fonctionnement réel ou symbolique du corps humain.


I ) SANG

Rouge :

Tout commence avec le sang. Le sang rouge. Il est symbole de vie, force et courage d’une part. Mais d’un autre côté, il peut être effrayant de voir du sang rependu, car le sang ne doit pas sortir du corps ! La vie quitte le corps avec lui, il devient donc source d’inquiétude.

La couleur rouge est symbole de vie et un signal de danger en même temps.

- Le rouge est une couleur très visible, souvent choisie pour alerter.

- Par le sang, le rouge s’associe à la violence : visage rouge de colère, sang répandu lors des combats.

Rouge = Danger = Peur


Bleu :

En cas de peur intense, il est courant d'avoir le réflexe de retenir sa respiration. La baisse du taux d'oxygène dans le sang peut alors entraîner alors un léger bleuissement sous la peau.

Le bleu est aussi associé au froid de la glace, de la dureté, de la mort.


Noir :

Lorsque l’on est très inquiet, on se fait du mauvais sang. C’est la théorie médicale de l’équilibre des humeurs. La qualité du sang est très importante (sang-froid, sang chaud, bon sang de bon sang), l’excès de sang est sensé lui donner une couleur plus foncé, c’est le fameux « sang d’encre » donc noir. Par ailleurs, le noir est aussi la couleur du sang figé, dans les veines ou ailleurs.


Vert et Blanc :

Au Moyen Age, les anatomistes pensaient que ce n'était pas le cœur, mais le foie, qui faisait circuler le sang dans le corps. Le foie est bien rouge et le sang rouge symbolise la force et le courage. Un foie privé de se sang, donc de courage, serait, dans l’imaginaire, blanc : « avoir le foie blanc » (au XIXe) ou juste « avoir les foies » (actuel) signifie donc avoir peur. Et comme un peureux est un traitre en puissance, un « foie blanc » désigne un traître.

Outre les foies blancs, on a aussi utilisé avec le même sens "avoir les foies bleus" ou "avoir les foies verts" : blanc, vert ou bleu sont alors des couleurs opposées au rouge.

S’il semble difficile de vérifier la couleur du foie, celle de la figure est signifiante : Blême, d’une pâleur extrême, blafard viennent nous indiquer que le sang a « reflué » du visage sous l’effet de la peur. Le blanc est donc une des couleurs de la peur chez les vivants. C’est aussi la couleur de la mort : deuil en blanc dans certaines cultures et couleur des fantômes. Le blanc est alors opposé non seulement ou rouge du sang vital, mais aussi aux couleurs des vivants.


II) LA BILE

Vert

Si je peux être vert de peur, je peux aussi être vert de colère, de rage ou de jalousie ! Les Grecs pensaient en effet que le corps produisait trop de bile lorsqu'une personne était en colère, jalouse ou malade. La bile étant verdâtre, cela donnait une teinte verte à sa peau. La peur étant comme une maladie puisqu’elle nous prive de notre force et de nos moyens, nous pouvons être vert de peur.

On peut aussi penser que le vert chez l’autre en colère fait peur. Le vert devient alors une couleur associée à la peur : Il est à noter que beaucoup de choses malsaines sont représentés verdâtres ou vertes fluos. Le vert passe ensuite de la chose inquiétante au symbole de la peur elle-même et donc nous devenons « verts de peur ».


Jaune

En faire une jaunisse, être un foie jaune…

La jaunisse est défaut de la sécrétion biliaire par le foie. Il y a alors trop de bilirubine dans le sang, ce qui donne une teinte jaune. Le stress et la peur peuvent faire augmenter ce taux de bilirubine.


III) L’inconnu

Noir

Une autre couleur associée à la peur est le noir. Cette fois il ne s’agit pas d’afficher sa peur par une couleur mais de craindre une couleur. C’est la peur du noir

La première origine de cette peur est facile, dans le noir nous sommes plus vulnérables car nous ne voyons pas. Les ténèbres peuvent abriter toutes sortes de danger.

Et dans les ténèbres se cache le diable… Dans une culture où le blanc se fait symbole de la pureté sans tache, le noir, son opposé, endosse le rôle du mal, de la mort et s’affiche dans le pavillon des pirates. Le noir devient alors la couleur du malheur : la peste noire, misère noire.


Conclusion :

Les couleurs ne sont pas choisies au hasard et elles évoluent aux grées de nos connaissances en physiologie. Ce ne sont pas toujours des couleurs réellement perceptibles qui sont associées aux expressions, mais des couleurs construites et symboliques.


Nathalie Wienin / Psychologue du travail



De la peur à l’espérance : perspectives bibliques par J.F.B.


Introduction

La Bible, en plus d'être un guide spirituel, offre une riche exploration des émotions humaines, y compris la peur et la confiance. Ces concepts sont souvent abordés sous différents termes tels que "peur" et "crainte", chacun portant des nuances distinctes. Alors que la peur peut être associée à une réaction instinctive face à l'inconnu ou au divin, la crainte est souvent présentée comme un respect révérencieux envers Dieu. Cependant, la Bible ne se contente pas de décrire ces émotions ; elle offre également des messages d'encouragement, invitant les croyants à placer leur confiance en Dieu à travers la prière et la piété. Un cheminement dans espérance s’y trouve tracé.


La peur dans la Bible

Le vocabulaire de la peur dans la Bible est varié, utilisant des termes tels que "peur", "effroi", "terreur" et "tremblement" pour décrire les réactions humaines face à la présence divine ou à des événements surnaturels. Par exemple, dans le Livre de l'Exode, les Israélites tremblent devant la puissance de Dieu manifestée à travers les plaies d'Égypte (Exode 15:16). De même, dans le Nouveau Testament, les disciples sont souvent saisis de terreur lorsqu'ils sont témoins de miracles ou lorsqu'ils rencontrent des anges (Matthieu 28:4).


La peur et crainte quelle différence ?

La peur dans la Bible n'est pas seulement une réaction instinctive à des événements menaçants, mais elle est souvent associée à la crainte de Dieu. Cette crainte n'est pas une terreur irrationnelle, mais plutôt un profond respect et une révérence envers la puissance et la sainteté divines. La crainte de Dieu est souvent présentée comme le fondement de la sagesse et de la conduite morale. Dans le Livre des Proverbes, il est écrit : "La crainte de l'Éternel est le commencement de la sagesse, et la connaissance du Saint est l'intelligence" (Proverbes 9:10). Cette crainte révérencielle conduit à une vie de piété et de droiture, guidant les croyants dans leurs choix et leurs actions.


Encouragement à surmonter la peur : la confiance

Cependant, la peur dans la Bible n'est pas simplement une réaction de faiblesse. Elle peut aussi être associée à la sagesse et au respect de Dieu. Le Livre des Proverbes enseigne que "la crainte de l'Éternel est le commencement de la sagesse" (Proverbes 9:10). En contraste avec la peur, la Bible offre également des messages encourageant à ne pas avoir peur. Lors de l'Annonciation, l'ange Gabriel adresse des paroles rassurantes à Marie, lui disant : "Ne crains point, Marie ; car tu as trouvé grâce devant Dieu" (Luc 1:30). De même, Jésus réconforte ses disciples en leur disant : "Que votre cœur ne se trouble point ; croyez en Dieu, croyez aussi en moi" (Jean 14:1).


La citation de Philippiens 4:6, "Ne vous inquiétez de rien, mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces", souligne l'importance de la confiance en Dieu et de la prière pour surmonter la peur. Elle invite les croyants à ne pas céder à l'anxiété, mais plutôt à placer leur confiance en Dieu en lui présentant leurs préoccupations par la prière. Cette attitude est présentée comme un antidote à la peur, offrant un réconfort et une assurance dans les moments difficiles. La prière est ainsi considérée comme un moyen de trouver la paix intérieure et la force spirituelle pour faire face aux défis de la vie, renforçant ainsi la confiance en Dieu et la certitude de sa présence bienveillante dans toutes les circonstances.


L’assurance d’être sauvés : l’espérance

En théologie, l'espérance est une vertu théologale qui se réfère à la confiance ferme et à l'attente confiante en Dieu et en ses promesses de salut éternel. Elle va au-delà de l'espoir ordinaire en offrant une certitude fondée sur la foi en la bonté, la fidélité et la puissance de Dieu. Elle donne aux croyants la force et le réconfort pour faire face aux défis de la vie terrestre en gardant les yeux fixés sur l'accomplissement ultime de la volonté de Dieu.

Pour les non-croyants, l'espérance peut être comprise comme une attitude mentale ou émotionnelle caractérisée par l'optimisme et la confiance en un avenir meilleur, même en l'absence de référence à une divinité ou à des promesses religieuses. Cela peut impliquer une confiance en la capacité de l'humanité à résoudre les problèmes et à progresser, ainsi qu'en la possibilité d'un avenir plus juste et plus prospère pour tous. L'espérance chez les non-croyants peut également être alimentée par des convictions philosophiques, des idéaux politiques ou des aspirations personnelles. Elle joue un rôle essentiel dans la motivation, le bien-être mental et la résilience face aux difficultés de la vie.


Conclusion

La peur et la crainte sont des émotions complexes abordées de manière nuancée dans la Bible. Alors que la peur peut être une réaction instinctive, la crainte de Dieu est présentée comme un respect révérencieux envers sa puissance et sa sainteté. Cependant, au-delà de ces émotions, la Bible offre des messages d'encouragement, invitant les croyants à placer leur confiance en Dieu à travers la prière et la piété. Ces enseignements soulignent l'importance de la foi et de la confiance en Dieu dans la vie spirituelle, dans une dynamique amenant à l’espérance. Une espérance qui offre un réconfort et une assurance face aux défis et aux incertitudes de la vie.


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