Antonio Damasio et le circuit cérébral des émotions
Antonio Damasio, neurologue des émotions, professeur de neurosciences, de neurologie et de psychologie à l’Université de Southern California, et lauréat du Prix Prince des Asturies en 2005, est l'un des pionniers dans la description du circuit cérébral des émotions dans la construction de l'individu.
L’essentiel est de comprendre le lien entre le circuit des émotions et le circuit de l’information, qui sont interdépendants.
Que nous apprennent les neurosciences ?
Dès l'entrée des stimuli sensoriels, le traitement s'effectue selon un registre de sécurité ou d'insécurité, évaluant s'ils constituent une menace pour notre intégrité physique ou psychologique.
Le système limbique prend ensuite le relais, évaluant les stimuli en termes de plaisir ou de déplaisir, et recherche dans la mémoire pour leur donner une signification.
L'information parvient ensuite au cortex, qui la traite en s'appuyant sur un registre d'adaptabilité pour en comprendre le sens.
La neuroplasticité implique que le système neuronal n’est pas figé et que son traitement des informations et son adaptation comportementale peuvent évoluer.
Construction des émotions
Dès la naissance, l’amygdale, siège des émotions, déclenche de nombreuses réactions chez l’enfant, qui ne peut pas les gérer seul. Il a besoin d’un adulte pour le rassurer et l’apaiser. Le cortex, peu développé, et les connexions avec le système limbique étant peu opérationnelles, l’enfant ne peut se raisonner comme un adulte.
L’amygdale stocke des souvenirs inconscients mais durables, qui peuvent influencer le comportement de l’enfant.
Conséquences des expériences stressantes
Les petites anicroches du quotidien mal vécues, associées à un sentiment de malaise, et les grosses tempêtes de la vie (divorce des parents, rupture sentimentale, espérances déçues) créent un circuit de stress chez l’individu, de l’enfance à l’âge adulte.
Chaque expérience peut répéter ces mauvais souvenirs, renforçant la probabilité d’échec. Des stratégies non constructives émergent : fuite, rejet, antagonisme systématique, repli sur soi. Ces souvenirs peuvent perturber l’individu, altérer l’image de soi et l’estime de soi, et influencer la décision d’agir ou non.
Désamorcer le cercle vicieux du stress
Nommer les émotions calme l’amygdale. L’adulte propose des mots pour aider l’enfant à prendre conscience de ce qu’il vit : « J’imagine que tu es en colère, non ? ». Lire les ouvrages de Catherine Gueguen au sujet de l'empathie comme clef du bien-être chez l'enfant et l'apprenant. L’adolescent peut utiliser des jeux de rôle relationnels, et les adultes peuvent explorer la communication non violente (CNV) de Marshall Rosenberg.
En grandissant, l’enfant développera une intelligence émotionnelle, indispensable pour réguler ses émotions et créer des relations harmonieuses. L’adolescent structurera cette intelligence, et l’adulte la redécouvrira et la renforcera.
Construction des émotions positives
Mettre régulièrement l’accent sur des émotions positives liées à des moments, des lieux et des personnes positifs aide à construire une ressource permettant à l’enfant, l'ado puis l'adulte de surmonter son stress et d'éviter le cercle vicieux des émotions négatives.
C'est ce qu'on appelle le renforcement positif. Il s'agit de reprogrammer le circuit pour que la répétition implique une probabilité de contentement supérieure à la probabilité de ressentir un stress.
Conclusion
La simulation de situations, le débriefing avec des professionnels de la santé, et l’enrichissement du vocabulaire descriptif des émotions et des sensations sont des aides précieuses. Des lectures adaptées aux adolescents peuvent aussi être bénéfiques.
Comprendre et nommer nos émotions nous permet de mieux les gérer, désamorçant ainsi le cercle vicieux du stress et favorisant une meilleure estime de soi et des relations plus saines.