«J’suis trop nul... J’y arriverai jamais!» Attentes scolaires, attitude des camarades, disputes dans la fratrie et remontrances d’adultes peuvent mettre à mal la confiance de votre enfant. Que faire pour l’aider à développer un regard positif sur lui-même?
Nathaniel, cinq ans, quitte l’école en pleurant, sa «super copine ne l’aime plus. C’est trop nul», confie-t-il à sa maman. Dès lors, comment lui remonter le moral et surtout lui permettre de se remettre très vite de sa déception? Aude, sa maman d’une quarantaine d’années, nous livre quelques clés tirées de son expérience. «C’est finalement un ensemble d’attitudes positives chez nous, les deux parents, qui permet de consolider la confiance de notre fils. Comme tous les enfants, il se trompe mais il est rassuré le plus vite possible.»
Accepter la frustration
Sans effusion mais en douceur, l’échec et l’erreur sont présentés comme naturels. «Il faut lui rappeler qu’à l’école comme dans la vie, lorsqu’on apprend, il arrive que l’on se trompe», développe-t-elle. «Mais on peut réessayer et alors progresser.» Un apprentissage d’une vie qui permet à l’enfant, dès ses premières expériences, de réfléchir à sa parole ou à son comportement et à ce qui a manqué lorsqu’il ne réussit pas du premier coup.
Quant à la frustration, «elle existe, même chez les grands», tempère Aude. «Il est important de lui faire savoir qu’il a le droit de ne pas être content ou d’avoir peur. Mais c’est un passage temporaire.» La place du parent aux côtés de l’enfant qui doute, qui se sous-estime et se dévalorise, est un soutien et un accompagnement de taille.«Ne tentez pas d’effacer sa frustration et sa peur en répondant qu’elles ne servent à rien. Proposez-lui plutôt de l’accepter, d’en parler calmement en la décrivant, puis de recommencer pour atteindre une satisfaction minimale.» Ainsi, après de premières réactions telles que «je suis nul» ou «personne ne m’aime», le parent encouragera son enfant à l’exprimer autrement tel que par exemple: «C’était difficile pour moi à ce moment-là, j’aimerais réussir une autre fois» ou «mon copain et moi n’avons plus les même goûts».
Le jeu, un vecteur d’empathie
Une autre pratique quotidienne simple à développer dans le même sens est le jeu de société. Que ce soit dans le cercle familial ou amical, Aude et les siens en raffolent: «Le fair-play est un bon vecteur d’empathie», soutient-elle. Son fils y apprend le plaisir de gagner mais aussi à accueillir sa déception pour ainsi se projeter une prochaine fois. Il saura être sensible à la déception de l’autre et prêt à consoler. Assurer le rôle de celui qui réconforte, c’est renforcer son regard personnel. A travers le jeu, il comprendra que l’échec n’est pas lié à un défaut personnel, que l’on peut progresser et qu’il est important de tenir compte des autres et des circonstances. Aude, qui est par ailleurs décoratrice d’intérieur, confie qu’un de ses projets est de «monter une école alternative, inspirée des travaux de Mesdames Montessori et Guéguen» qui associent le développement de la confiance chez l’enfant à sa capacité à comprendre que le jugement est subjectif, qu’il faut dédramatiser les situations conflictuelles et angoissantes. Enfin il existe des «jeux de plateau sérieux», disponibles pour les parents également, qui permettent à l’enfant d’exprimer ses sentiments, selon une situation de communication ciblée. Il lui est demandé de trouver une idée facilitant la relation aux autres ou le passage à l’action s’il a peur de prendre la parole et se lancer dans tel sport par exemple. Par le jeu, le rire et le message passent généralement plus facilement à cet âge-là.
Paru dans le magazine des couples et des parents Family