top of page

Moïse et Œdipe : de l'individu à la personne


Introduction

La présente analyse propose une relecture comparative des figures de Moïse et d’Œdipe, avec en filigrane une réflexion sur le concept de « personne ». Du personnalisme d’Emmanuel Mounier, qui définit la personne par sa capacité à s’ouvrir à autrui, à la pensée d’Emmanuel Levinas, pour qui l’éthique de la responsabilité envers l’autre est constitutive de l’être, ces deux personnages emblématiques permettent d’explorer les tensions entre destin individuel et engagement relationnel. Moïse et Œdipe ne sont pas seulement des figures mythiques, mais des symboles universels qui illustrent la quête humaine d’une identité en perpétuelle construction.


Dans cette analyse, nous suivrons la démarche philosophique d'une reformulation continue, inspirée de la tradition protestante qui "toujours se réforme", pour ouvrir plusieurs angles d'appropriation des textes. Les récits de Moïse et d'Œdipe, tirés de traditions culturelles et religieuses distinctes – la Bible hébraïque pour Moïse et la mythologie grecque pour Œdipe – illustrent des parcours marqués par des questionnements existentiels et éthiques.


Dans un premier temps, nous nous intéresserons aux naissances mystérieuses et parcours de ces deux figures pour en dégager les structures fondatrices de leur identité. Puis, nous verrons comment Moïse et Œdipe, à travers leurs choix et rencontres, symbolisent deux façons de devenir une personne, l’une tournée vers la responsabilité collective et l’ouverture à l’autre, l’autre emprisonnée dans la fatalité et l’isolement. Enfin, nous analyserons comment ces récits, loin d’être des mythes figés, offrent des pistes de réflexion pour notre compréhension contemporaine de l’identité, du leadership et des responsabilités morales. Cette approche plurielle permettra d’enrichir la signification de ces récits pour le lecteur d’aujourd’hui, dans une perspective à la fois existentielle et sociale.



1. Quête de sens et transcendance

Qu’entendons-nous véritablement dans ces textes ? Que nous racontent-ils au-delà des cadres d’interprétation traditionnels ?


Ces récits vont bien au-delà de la dichotomie apparente entre le mythe antique et le mythe chrétien, entre le récit initiatique d’une quête d’identité personnelle et la narration du destin collectif d’un peuple. Ils dépassent également les portraits exemplaires de leurs protagonistes, de Moïse guidé par un Dieu vengeur à Œdipe, victime d’une fatalité typique de la pensée antique. Ces histoires nous parlent avant tout de l’expérience humaine universelle face aux forces qui régissent l'existence et aux choix qui façonnent notre destinée.


Ces récits écrivent un discours complexe sur la société, l'individu et le pouvoir, tant à l'échelle publique que personnelle, systémique qu'exceptionnelle. Au-delà de la seule confrontation entre païens égyptiens et croyants hébraïques, ou entre orthodoxes et hétérodoxes – ces adjectifs étant interchangeables selon le groupe que l'on positionne comme référent – ils traitent d'une quête existentielle universelle. Ils tournent autour d'un thème central : l'individu cherchant à devenir une personne.


En effet devenir une personne implique de transcender l'individu biologique et social pour atteindre une dimension plus éthique et relationnelle. Ainsi, Moïse et Œdipe, chacun à leur manière, sont des individus en quête de cette transcendance. Ils sont confrontés à des situations qui les dépassent mais c’est dans leur réponse à ces épreuves qu’ils deviennent des « personnes » au sens philosophique. Moïse, en acceptant une mission divine, incarne la personne qui se transcende dans une vocation éthique et spirituelle. Œdipe, malgré sa chute tragique, est lui aussi un exemple de cette quête d’identité, bien que sa volonté d’autonomie échoue face à la fatalité. Le premier voyage de Moïse par les eaux symbolise un seuil, marquant à la fois un passage et une séparation entre son héritage hébreu et son éducation égyptienne.


Moïse incarne ainsi une double identité : prince égyptien et esclave hébreu, l’oppresseur et l’opprimé. Dans les deux cas, en tant qu’individu, il n’échappe pas aux états définis par la société de son époque : il faut qu’il soit l’un ou l’autre. Mais en tant que pèlerin de lui-même, personne en construction, il trace un nouveau chemin en assumant son identité d’être ayant été élu et conscient de cet état. Il ne s’identifiera plus à la figure de l’esclave ni à celle du maître. Il entre dans un hors cadre : il est de ceux qui ont une mission les transcendant. Ni de la maison d’Égypte, ni de celle d’Israël, il est de la maison de Dieu d’aucun diraient.


Œdipe réussit dans son évolution interne vers l’état de « personne » définie comme un être en devenir, appelé à répondre à une "vocation". Vocation qui consiste en une invitation à s’engager activement dans la quête de sens. Cela implique d’assumer sa liberté et sa responsabilité dans le monde. La personne est appelée à aller au-delà d’elle-même, à se transcender pour atteindre une forme de plénitude existentielle. Il me semble que la plénitude réside dans la démarche de quête et non dans l’objectif de celle-ci, qu’il soit atteint ou non. Œdipe devient un exemple de « personne » dans son cheminement vers la vérité.



2. Origines et parcours : destins tracés en question

Les récits de Moïse et d’Œdipe commencent tous deux par des naissances marquées par le mystère et le danger. Ces événements inauguraux posent les bases de leur destinée respective, sous l’influence de forces supérieures échappant au contrôle humain.


Moïse : une double identité et une mission divine

Dans le livre de l'Exode, Moïse est sauvé dès sa naissance par un geste audacieux et plein d’amour de sa mère, qui le place dans un panier sur les eaux du Nil pour échapper à l’ordre de mort du Pharaon. Ce geste est bien plus qu’un simple acte de survie : il illustre la responsabilité d’autrui et le soin maternel, éléments fondamentaux qui façonneront l’identité de Moïse. Sa survie est également assurée par l’intervention de la fille du Pharaon, qui le recueille et l’élève à la cour royale. Le Nil, fleuve sacré pour les Égyptiens, devient ainsi un agent de la Providence divine dans la tradition hébraïque, soulignant une dimension spirituelle à la double identité de Moïse.


Cette identité complexe se déploie à mesure qu’il grandit en tant que prince égyptien, tout en découvrant ses origines hébraïques. Il se retrouve à la croisée des cultures, à la fois étranger parmi les siens et outsider dans la société égyptienne. Cette ambivalence, loin de l’affaiblir, nourrit sa quête intérieure. Moïse embrasse cette altérité, notamment lorsqu’il se solidarise avec les Hébreux en tuant un Égyptien qui maltraitait l’un des siens. Cet acte impulsif révèle une responsabilité envers l’autre, même s’il soulève une première tension morale : celle d’une violence exercée au nom d’une justice définie à l’échelle personnelle.


L'exil de Moïse à Madian est un autre moment décisif, où son ouverture à l’autre s’exprime à nouveau lorsqu’il aide les filles de Jethro. Cette rencontre, suivie de son mariage avec Séphora, marque une nouvelle étape dans son parcours relationnel et identitaire, où il fonde sa propre famille et continue d’agir par solidarité. La rencontre avec Dieu au buisson ardent dépasse cependant tout autre événement : elle appelle Moïse à une vocation qui transcende sa quête personnelle. Il devient alors le libérateur de son peuple, guidé par une responsabilité collective envers les Hébreux, et se transforme en un médiateur entre l’humain et le divin.


Cette vocation aboutit à la transmission des Tables de la Loi sur le mont Sinaï, où Moïse fait figure de législateur sous l’égide de Dieu, chargé de structurer les relations humaines par la Loi divine. La tension morale entre l’homme ayant tué un Égyptien et le dépositaire des commandements reflète une complexité éthique, mais souligne également sa transformation d’individu en une personne pleinement réalisée. Moïse, à travers ses relations avec Dieu et son peuple, fait écho à l’idéal de la personne selon Emmanuel Mounier et Levinas principalement (1): une personne qui se réalise non pas dans l’isolement, mais dans la responsabilité et l’ouverture à l’autre. Sa mission est ainsi portée par l’éthique relationnelle, qui fait de lui bien plus qu’un individu ; il devient un être dont l’existence trouve sens dans la rencontre et le partage avec autrui.


Œdipe : une double identité et un destin tragique

Œdipe, fils de Laïos et Jocaste, est dès sa naissance marqué par la malédiction prédite par l’oracle : il tuera son père et épousera sa mère. Ses parents, tentant d’éviter cette prophétie, l’abandonnent sur le mont Cithéron pour l’y laisser périr, mais il est sauvé par un berger et adopté par le roi et la reine de Corinthe. Le nom même d’Œdipe, « pieds enflés », symbolise les blessures physiques et spirituelles infligées par ce rejet originel, préfigurant un destin inévitable.


Toute la vie d'Œdipe se construit autour de cette tentative d'échapper à son sort, mais cette quête reste foncièrement solitaire. À chaque étape clé de son parcours, il se heurte à des énigmes, des obstacles qui, au lieu de l'ouvrir à une véritable rencontre avec autrui, ne font que le replonger dans la circularité de son destin tragique. L'épisode du Sphinx en est une illustration parlante. En résolvant l’énigme, Œdipe accède au trône de Thèbes, mais cette victoire intellectuelle ne se traduit pas par une ouverture à la vérité humaine. Il continue d'avancer, aveuglé par son ignorance et par l'illusion de contrôle sur son destin.


Contrairement à Moïse, Œdipe échoue à établir des relations authentiques avec autrui. Son meurtre de Laïos n’est pas une rencontre humaine, mais une élimination, une fermeture. De même, son mariage avec Jocaste, dans l’ignorance du lien biologique qui les unit, repose symboliquement sur un aveuglement total vis-à-vis de la vérité de l’autre. Chaque interaction clé, qu’elle soit avec son père, sa mère ou le Sphinx, demeure stérile, incapable de générer une véritable relation.


Œdipe incarnerait donc l’échec de la personne à se réaliser selon la perspective de Mounier : il reste enfermé dans sa quête individuelle, incapable de transcender son individualité vers une ouverture éthique et relationnelle. Ainsi tandis que Moïse s'épanouit à travers l'altérité et la responsabilité, Œdipe, malgré son désir de savoir, reste prisonnier de son isolement tragique. Son parcours est celui d’un individu, non d’une personne au sens philosophique. Moïse incarne la transcendance de soi dans et par l'autre, tandis qu'Œdipe est condamné à une quête qui ne mène qu'à l'aveuglement et à la solitude.



3. Quête d'identité : épreuves et dilemmes

La quête d'identité de Moïse et Œdipe est centrale à leurs histoires, chacune étant marquée par des révélations qui transforment leur compréhension d’eux-mêmes et de leur rôle dans le monde.


Moïse : de l'exil à la révélation divine

En libérant le peuple hébreu de l'esclavage, Moïse ne se contente pas seulement de l'affranchir de la domination égyptienne ; il le sort également de la condition d'anonymat imposée par le maître. Par ce geste, il redonne une identité collective à son peuple et retrouve par la même occasion la sienne. Sa quête est une recherche de légitimité fondée non uniquement sur sa naissance, mais aussi sur ses actions et ses choix conscients.


Moïse est confronté à une différence fondamentale par rapport à Œdipe, bien qu'ils soient tous deux comme ballottés par le flux de la vie et des événements. Concernant Moïse, il aura fallu qu'il goûte à la liberté pour découvrir son potentiel de liberté intérieure, un potentiel qu'il transmet ensuite à son peuple dans un mouvement d'extériorisation du personnel au collectif. Quant aux réticences du peuple elles illustrent peut-être la difficulté pour chaque individu de s'approprier ce potentiel à une échelle personnelle quand les individus qui composent le groupe n’ont pas été éduqué au discernement critique. Moïse semble être à la bonne place en tout temps – une manière de le placer sous l'étendard de la Providence divine.


Œdipe : une quête de vérité vers la tragédie

Pour Œdipe, la quête d'identité est une descente inexorable vers la tragédie : en cherchant la cause de la malédiction qui frappe sa ville, il découvre qu’il est lui-même le meurtrier de son père et l'époux de sa mère. Son obstination à connaître la vérité coûte que coûte l’entraîne dans une spirale autodestructrice, transformant sa quête de sens en une révélation insupportable.


Contrairement à Moïse, Œdipe semble voué à la fatalité. Cependant, même dans sa chute, Œdipe symbolise l’homme face à l’inévitable, illustrant le dilemme de la responsabilité humaine et de la quête d’autonomie dans un monde gouverné par des forces inexorables. Aurait-il pu en être autrement pour lui ? Le non-agir aurait-il pu constituer une solution ? Le salut est-il au désert, dans le retrait volontaire ? Œdipe redevient le personnage exemplaire… c’est-à-dire donnant à méditer sur la prise de conscience à opérer : la liberté est inséparable de la responsabilité. La personne est appelée à exercer sa liberté de manière authentique, c’est-à-dire en prenant en compte l'impact de ses choix sur soi-même et sur les autres. Cette liberté n'est pas l'expression d'une autonomie radicale, mais elle est fondée sur la reconnaissance de l'autre et du sens moral qui doit guider l'action.



4. Enjeux éthiques et moraux

Moïse et Œdipe incarnent chacun à leur manière les dilemmes du destin et du libre arbitre, posant des questions fondamentales sur la responsabilité humaine.


Choix, responsabilité et résilience

Moïse accepte le rôle et la méthode que Dieu lui indique. En acceptant sa mission, il devient non seulement le chef politique de son peuple mais aussi le législateur, confronté à des choix moraux et politiques complexes. Sa mission est marquée par des moments de doute et de défi. Il doit concilier les exigences de la prescription divine avec les besoins et les réticences de son peuple, notamment lors de la traversée du désert, tout en assumant sa responsabilité morale. Son leadership est ancré dans une transcendance active, où l'exercice du pouvoir est toujours orienté vers un bien supérieur ce qui constitue une pierre d'angle de son système de résilience.


Œdipe, de son côté, incarne la tragédie de l'homme moderne face à l'ignorance et à la quête de sens. Il nous rappelle que le désir de savoir peut être à la fois une libération et une malédiction, et que la recherche de la vérité ne conduit pas toujours à la paix intérieure. La paix intérieure n'étant ni dans la recherche, ni dans la découverte mais dans le positionnement que l'on est capable de prendre. Roi de Thèbes, il est pourtant esclave d'une fatalité inéluctable, une puissance supérieure (Anankè, dans la pensée grecque antique) qui contrôle les événements au-delà de sa propre volonté.


S'il cherche ardemment la vérité, c'est pour découvrir qu'il n'a jamais été maître de son propre destin. C’est justement cette aporie apparente dans la construction de son identité que souligne son automutilation. Se crever les yeux devant l’insupportable, certes, en autopunition, certes… mais encore ? Se crever les yeux quand on découvre qu’on n’est pas maître de son destin, c’est éclairant sur la faible capacité de résilience face à l’insupportable de la réalité. Pourtant Œdipe, alors qu’il semble échouer dans son passage de l’état d’individu à celui de personne, est peut-être en train d’y parvenir dans ses actes mêmes les plus radicalement désespérés car par eux il interroge son potentiel de résilience et nous fait réfléchir au notre.


Responsabilité éthique : la règle et la violence en question

L'ambivalence des actions de Moïse est profondément liée à la construction de la personne en philosophie, notamment dans la distinction entre l’éthique et la morale. La morale renvoie à un ensemble de règles et de normes imposées par la société ou la religion, tandis que l’éthique concerne une réflexion personnelle sur le Bien et le Mal, et sur les responsabilités face à autrui. En tuant l'Égyptien, Moïse opère une action moralement condamnable selon les commandements qu'il recevra plus tard — « tu ne tueras point » — mais cet acte impulsif révèle une première forme d'éthique personnelle : une réponse à l'injustice qui se présente à lui, marquant ainsi le début de son cheminement vers la responsabilité et la personne qu'il deviendra. Cet acte inaugure une transformation : il n’est plus seulement un individu soumis à l’ordre social ou à son héritage biologique, mais un être en quête de transcendance, de sens et d'identité.


Contrairement à Moïse, dont l'acte est motivé par une protection de l'autre, Œdipe, le parricide, tue par ignorance, sans savoir qu'il accomplit une prophétie qui dépasse sa propre volonté. Si Moïse agit en pleine conscience de la situation, et que son geste est une réponse directe à une injustice visible, Œdipe agit dans une forme d'aveuglement, marqué par le destin. Pourtant, ces deux figures se rejoignent dans la manière dont leurs actes de violence deviennent des étapes cruciales de leur évolution vers la personne. Œdipe, en découvrant la vérité de son acte, se condamne lui-même, réalisant ainsi une dimension éthique postérieure à l’action : il prend la responsabilité de sa faute. Moïse, en acceptant sa mission divine après avoir tué l’Égyptien, transcende son impulsivité initiale et devient le porteur de la Loi. Ainsi, dans les deux cas, l'acte violent, qu'il soit conscient ou non, participe à la formation de la personne.


Il est essentiel de rappeler que la violence, dans les récits de Moïse et d'Œdipe, est clairement condamnée. Ces actes de meurtre ne sont pas glorifiés mais servent à souligner les conséquences tragiques et les dilemmes moraux auxquels les personnages sont confrontés. Moïse, après avoir tué l'Égyptien, cache le corps dans le sable, un geste qui témoigne de sa peur, de sa honte, et de la conscience qu’il a transgressé une limite. Il fuit également pour échapper à la sanction du Pharaon, ce qui montre que son acte est reconnu comme moralement et socialement répréhensible. Ce n'est qu'après cet événement que Moïse reçoit les Tables de la Loi, symbolisant une forme de justice divine qui transcende son acte. L’autorité divine, par son caractère prescriptif et coercitif, impose une régulation stricte des comportements, notamment avec le commandement « tu ne tueras point », qui condamne explicitement le meurtre. Cette règle divine vient poser des limites claires à l'exercice de la violence, y compris pour ceux investis d'une mission de régulation sociale à l’échelle d’un groupe, d’un peuple.


De son côté, Œdipe est également puni pour son acte de violence aggravée qu’est le parricide. Il est frappé par le destin et la fatalité, mais cela n’atténue en rien les conséquences de son crime. En découvrant la vérité, il se punit lui-même en se crevant les yeux, une forme de sanction intérieure qui illustre la culpabilité et l'irréversibilité de son acte. Contrairement à Moïse, qui est ultérieurement guidé par une autorité divine pour encadrer ses actions, Œdipe ne bénéficie pas d'une telle structure réglementée. Il est soumis à la fatalité, une force invisible mais non moins prescriptive qui impose ses propres obligations, indépendantes de la volonté humaine.


Dans les deux récits, la violence est donc condamnée, que ce soit par la volonté divine dans le cas de Moïse ou par le destin inéluctable dans celui d'Œdipe. Ces figures illustrent que la violence, même quand elle semble être motivée par un sentiment de justice ou par des circonstances extérieures, entraîne toujours des conséquences désastreuses.


Ces figures mythiques montrent que, bien que la violence fasse partie de leur cheminement, elle est incompatible avec la véritable justice et le développement de la personne. Ce n’est pas la violence qui les transforme, mais leur capacité à reconnaître la responsabilité éthique de leurs actes. C'est à travers la réflexion éthique, la réglementation, et la prise de responsabilité que l’individu transcende sa condition et devient une « personne », selon une dimension éthique et philosophique. Leurs récits illustrent que l’individu devient une personne lorsqu’il transcende son impulsivité ou son ignorance, pour s’engager dans une quête de justice, de réflexion éthique et de responsabilité. A travers les figures de Moïse et Œdipe se dessine aussi une réflexion sur la rencontre entre l’éthique et la moral mais aussi avec les fondement de la justice et d’une société régulée par une législation pérenne.



Conclusion : législation, éthique et comportement humain 

Ces récits de Moïse et d'Œdipe vont au-delà de leur contexte culturel et religieux pour s’adresser à notre condition humaine universelle. Ils nous interrogent sur les tensions entre destin et choix, responsabilité personnelle et forces supérieures, source de légitimité et fondements de l’identité. Ils nous invitent à réfléchir sur notre propre quête de vérité et de sens, sur nos principes de leadership, et sur notre compréhension de la responsabilité morale.


Les parcours de Moïse et d’Œdipe montrent que devenir une personne, au-delà de la simple individualité, implique la confrontation à des dilemmes éthiques et la reconnaissance des conséquences de ses actes. La réglementation divine qui est formulée ultérieurement au meurtre de l'Égyptien, comme la sanction cosmique qui frappe Œdipe, illustrent qu’un ensemble de règles et l'éthique sont nécessaires pour encadrer les actions humaines, notamment face à la violence. La transition de l'individu à la personne passe donc par une prise de conscience éthique, où la responsabilité envers soi-même et envers les autres devient primordiale, et où toute forme de violence est non seulement répréhensible, mais moralement condamnée.


Je conclurai sur ce qui m’a paru saillant. Les figures de Moïse et Œdipe illustrent une certaine conception de la personne qui ne se réduit pas à un individu isolé, mais se définit par sa capacité à répondre à une vocation éthique et à se transcender dans une quête de sens. Leurs histoires rappellent que notre identité et notre légitimité ne se définissent pas par notre naissance, mais par nos actions, nos choix, et notre capacité à naviguer les épreuves qui nous sont imposées. La résilience se révélant un des éléments constitutifs fondamentaux de la personne.



 

Sources


  1. Trop d'ouvrages seraient à citer concernant la réflexion sur le concept de personne, je n'en citerai donc qu'un ainsi qu'un article :


-Housset Emmanuel. La Vocation de la personne, L'histoire du concept de personne de sa naissance augustinienne à sa redécouverte phénoménologique. PUF, 2007


-Bely Marie-Etiennette. "La notion de personne chez Emmanuel Mounier. Approche apophatique et mystique". In: Revue des Sciences Religieuses, tome 73, fascicule 1, 1999. pp. 94-108. DOI : https://doi.org/10.3406/rscir.1999.3476

Opmerkingen


Opmerkingen zijn uitgezet.
bottom of page