top of page

(4) Jacob et Prométhée : de la transgression à l'accomplissement de la personne


Introduction

Jacob, figure biblique majeure, et Prométhée, héros mythologique grec, partagent des récits où leurs actes transgressifs sont marqués par une forme de ruse. Mais ces actes, souvent jugés moralement ambigus, méritent une relecture attentive. Et si ces actes, loin d’être de simples tromperies, révélaient une recherche de justice ou de vérité plus profonde ? En mobilisant des cadres théoriques tels que la conception narrative de Paul Ricoeur et Jacqueline de Romilly ainsi que les pensées de Thomas d'Aquin et Tillich, ou même le droit français, nous chercherons à dépasser la conception péjorative de la ruse pour envisager son rôle dans l’accomplissement de la personne.



I. Prométhée : la ruse comme défi aux dieux

  1. Prométhée : la ruse ou intelligence visionnaire ?

Dans la Théogonie d'Hésiode, le vol du feu par Prométhée se trouve dans les vers 535-570: "Prométhée, fils d'Iapetos, prit le feu caché dans le fond de la terre, et le déroba aux dieux pour le donner aux hommes"; "Il leur donna aussi les arts de la vie, les inventions utiles, ainsi qu'une intelligence astucieuse [μήτις, mētis], car c'est cela qui permet aux hommes de survivre."

Le terme "μήτις" (mētis), désigne non seulement la ruse mais aussi une forme de sagesse profonde, de stratégie, de vision à long terme. C'est cette intelligence astucieuse qui permet à Prométhée de défier Zeus en dérobant le feu, un acte qui est bien plus qu'un simple vol. Il s'agit d'un acte de prévoyance, une stratégie visant à offrir aux hommes la possibilité de se libérer de la dépendance aux dieux, de conquérir leur autonomie, et ainsi de forger leur propre destinée.

Le terme mētis n'est pas simplement la ruse ou la tromperie dans un sens négatif. Elle représente une forme d'intelligence visionnaire, une capacité à anticiper les besoins futurs et à utiliser les ressources de manière créative. Cette forme de "ruse" est donc plus noble et orientée vers un bien supérieur : le bien-être de l'humanité. L'action de Prométhée est donc une transgression fondatrice. Ce n'est pas une rébellion purement anarchique, mais une rébellion constructive, visant à doter l'humanité des moyens nécessaires à sa survie et à son épanouissement.

L'acte n'est donc pas simplement un vol, il incarne une forme d'intelligence visionnaire, mētis, qui permet à l'humanité de se libérer et de se développer par ses propres moyens. La ruse de Prométhée n'est donc pas juste une tromperie, mais un acte fondateur de civilisation, dans lequel il défie les dieux pour offrir aux hommes un futur meilleur.


  1. La vision de Jacqueline de Romilly : une rébellion constructive

Jacqueline de Romilly, dans son ouvrage Pourquoi la Grèce ?, met en lumière un aspect essentiel du mythe de Prométhée : sa rébellion n'est pas un simple rejet des dieux ou de l'ordre cosmique, mais une rébellion constructive, une rébellion qui vise à améliorer la condition humaine. Prométhée ne se rebelle pas contre l'autorité divine pour le seul plaisir de défier l'ordre établi, mais il le fait dans une intention positive : celle de permettre à l'humanité de se réaliser pleinement. C'est une rébellion qui dote l'homme des moyens de développer sa propre civilisation, de créer la culture, l'art, la science, et finalement de s'émanciper. Il est donc à la fois un transgresseur et un bienfaiteur, un héros dans le sens où il donne aux hommes ce qui leur manquait pour accomplir leur destinée.

En défiant Zeus, Prométhée crée une nouvelle dynamique entre l'humanité et les dieux. Il ne rejette pas les dieux en tant que tels, mais il rétablit un rapport de responsabilité, une sorte de contrat entre l'homme et les divinités, dans lequel l'humanité doit maintenant prendre sa place dans le monde, non pas comme une simple créature soumise aux volontés divines, mais comme une entité capable de choisir, de créer, de bâtir son avenir. Cette autonomie nouvelle entraîne une responsabilité morale, car l'homme, en recevant le feu, devient aussi responsable de son utilisation.


  1. Réflexion contemporaine sur la ruse (mētis) et l'éthique moderne

En élargissant cette réflexion à des contextes modernes, la notion de mētis peut être appliquée à des défis éthiques contemporains, notamment dans les domaines de l'innovation et de la résistance face à des injustices. Si la ruse, dans son sens moderne, évoque des stratégies astucieuses pour surmonter des obstacles apparemment insurmontables, elle devient une forme de résistance constructive. Dans un monde où l'innovation technologique et sociale soulève des questions éthiques profondes, la ruse de Prométhée offre un modèle de défi qui n'est pas simplement orienté vers l'individualisme, mais qui vise à améliorer la condition humaine dans son ensemble. Que ce soit pour résister à des formes d'injustice sociale, pour développer des solutions créatives face à des crises écologiques ou pour réinventer des systèmes économiques plus justes, la vision de Prométhée nous invite à remettre en question l'ordre établi de manière stratégique, éthique et au service de l'humanité. Cette approche contemporaine, à l'instar de celle de Prométhée, consiste non pas à rejeter les systèmes en place de manière destructrice, mais à utiliser les ressources existantes de manière astucieuse pour faire advenir un avenir plus équitable et plus durable.



II. Jacob, de la ruse à l'évolution spirituelle

  1. L’usurpation de la bénédiction paternelle (Genèse 27)

Dans ce passage de la Genèse, Jacob, avec l’aide de sa mère Rébecca, trompe son père Isaac afin de recevoir la bénédiction qui était destinée à son frère aîné, Ésaü. Ce passage soulève plusieurs questions éthiques et théologiques concernant la ruse et la justice divine. Le texte hébreu utilise le terme "לקח" (laqach), qui signifie "prendre", "saisir", ou "acquérir". Ce verbe souligne l’idée d’une initiative audacieuse et volontaire de la part de Jacob, qui agit de manière délibérée pour s’emparer de ce qui lui est apparemment destiné par droit de naissance, mais qu’il obtient par une tromperie. La bénédiction, qui représente un pouvoir spirituel et temporel immense, est ainsi arrachée, non pas par la force brute, mais par la ruse.

Cela soulève une question sur les méthodes et les intentions de Jacob : est-il simplement un usurpateur ou cherche-t-il, à sa manière, à récupérer ce qui lui revient de droit ? Dans le contexte biblique, cette action n’est pas un simple acte de fraude, mais un acte chargé d’enjeux théologiques plus profonds, où Dieu lui-même interviendra plus tard pour réorienter le destin de Jacob et faire de lui un des patriarches d’Israël.


  1. La confrontation avec Ésaü (Genèse 32-33)

Le deuxième passage, qui se déroule dans les chapitres 32 et 33 de la Genèse, marque un tournant majeur dans l’histoire de Jacob. Après avoir trompé son père Isaac, Jacob craint la colère de son frère Ésaü, qui cherche à le venger. Ce moment de confrontation se transforme en un véritable processus de réconciliation, symbolisé par la rencontre des deux frères. Jacob adopte une stratégie prudente, cherchant à apaiser Ésaü par des gestes d’humilité et de générosité. Dans Genèse 32:21-23, il envoie des cadeaux à Ésaü, espérant ainsi adoucir sa colère. Ce geste montre un passage de la ruse à une sagesse relationnelle, dans laquelle Jacob ne cherche plus à tromper ou à manipuler son frère, mais à reconstruire une relation brisée. La clé de cette transformation se trouve dans le passage où Jacob lutte avec un ange dans Genèse 32:24 : « Et Jacob demeura seul. Et un homme lutta avec lui jusqu’au lever de l’aurore ». Le verbe hébreu utilisé ici, "אבק" (abaq), signifie "lutter" ou "se confronter". Cette lutte symbolise la transformation intérieure de Jacob. En effet, cette confrontation avec l'ange est une lutte spirituelle, où Jacob cherche non seulement à se libérer de ses peurs et de ses fautes passées, mais aussi à obtenir une bénédiction de Dieu. Lorsque l'ange lui demande de le lâcher, Jacob répond : « Je ne te lâcherai pas que tu ne m’aies béni » (Genèse 32:26). Il obtient ainsi un nouveau nom, Israël, signifiant "celui qui lutte avec Dieu", marquant un tournant dans son identité et dans son rôle en tant que patriarche.

Cette scène représente le passage de Jacob de l’usurpateur à un homme qui lutte pour sa place dans le monde et pour sa relation avec Dieu. Sa ruse initiale se transforme en sagesse relationnelle et en responsabilité spirituelle. Ce processus est symbolisé par sa blessure à la hanche (Genèse 32:32), qui montre que cette transformation n’est pas sans souffrance, mais qu’elle est nécessaire pour devenir un véritable héros spirituel.


3. La bénédiction divine : réécriture spirituelle de la ruse initiale

L'évolution spirituelle de Jacob se révèle à travers sa transformation de l'usurpateur à l'homme qui lutte pour sa rédemption. L’usurpation de la bénédiction, bien qu’elle soit un acte trompeur et problématique, sert de point de départ à un cheminement intérieur profond. Ce passage initial, marqué par la ruse et la manipulation, ne reste pas un simple acte de fraude, mais devient le prélude à une confrontation avec les conséquences de ses actions. La rencontre avec Ésaü et la manière dont Jacob cherche à apaiser son frère montrent une évolution vers une approche plus sage et moins manipulatrice des relations humaines.

Cette transition prend toute son ampleur dans la scène de la lutte avec l'ange. Ce moment crucial marque un tournant où Jacob, au lieu de fuir ou d’agir par la ruse, choisit de confronter ses peurs et ses fautes passées. La lutte avec l'ange symbolise non seulement la confrontation avec soi-même, mais aussi une quête de bénédiction et de rédemption spirituelle. En demandant une bénédiction et en recevant un nouveau nom, Israël, Jacob entre dans une nouvelle dimension de sa vie spirituelle. Il devient celui qui lutte non plus contre les autres, mais avec Dieu, symbolisant ainsi un changement radical dans son identité et son rôle.

Ainsi, l’évolution de Jacob, de l'usurpateur à l'homme réconcilié et transformé, reflète un chemin de rédemption où la ruse, au départ perçue comme une stratégie d'acquisition, se transforme progressivement en un acte de responsabilité spirituelle et de quête d'intégrité. Cette transformation est marquée par une souffrance, mais aussi par une nouvelle sagesse, essentielle à son rôle de patriarche d’Israël.

Pourrait-on considérer que la bénédiction divine réécrit, a postériori, la ruse initiale de Jacob ? Saint Paul dans ses épîtres, explique que Dieu a déjà réservé à ses enfants la meilleure place, une bénédiction ultime qui ne dépend pas des ruses humaines mais de la grâce divine, librement accordée. Cependant, Jacob, pris dans le temps et l’histoire de son propre récit, ne pouvait pas avoir accès à cette compréhension théologique de Paul, car celui-ci intervient bien plus tard dans l'histoire biblique. Jacob agit donc selon une logique humaine et un contexte spirituel particulier où sa ruse apparaît comme un moyen d’obtenir ce qui lui semble légitimement dû. La bénédiction divine, néanmoins, viendra transformer cette action initiale, en l'élevant à un niveau spirituel supérieur. Ainsi, au lieu de considérer la bénédiction comme une validation de la tromperie, on pourrait la voir comme un réécriture de cette ruse, qui se muera en un acte de responsabilité et de lutte spirituelle, symbolisée par la rencontre avec l’ange. La grâce divine transcende les actes humains, redéfinissant leur sens et leur portée, tout en offrant une rédemption là où la ruse semblait initialement conduire à la division et à la tromperie. Cette réflexion sur la bénédiction divine, réécrivant l’histoire humaine, est une piste de réflexion théologique qui incite à méditer sur la notion de grâce et de transformation spirituelle.




III. Réhabilitation philosophique et théologique de la ruse

Le terme "ruse" est souvent perçu de manière négative dans le langage courant. Il évoque l'idée de manipulation, de dissimulation, voire de tromperie. Cela se reflète dans des expressions comme "avoir recours à la ruse" ou "se jouer des autres par la ruse". Cette connotation péjorative associe la ruse à des actes de détournement de la vérité ou de tricherie. Cependant, en analysant son étymologie et ses usages dans la philosophie et la mythologie, on découvre une autre dimension de ce terme.


  1. L’étymologie du terme "ruse"

Le mot "ruse" provient du latin recusare, signifiant "refuser" ou "rejeter". Cette origine linguistique ouvre une nouvelle perspective sur la ruse, la définissant non seulement comme un acte de tromperie, mais comme un acte de résistance. La ruse devient ainsi une réponse face à une norme ou une contrainte imposée. Elle apparaît comme un moyen de redéfinir les règles et de s’affirmer face à des forces extérieures, qu'elles soient sociales, politiques ou divines. Cette idée se retrouve dans le récit de Prométhée, qui, dans sa ruse pour voler le feu, ne fait pas seulement acte de subversion envers les dieux, mais réinvente la possibilité d’une humanité autonome et éclairée. Comme le dit Pierre Teilhard de Chardin : « Le secret de l'évolution humaine, c'est que nous devenons libres en résistant à ce qui est, pour nous projeter dans ce qui pourrait être » (Teilhard de Chardin, Le phénomène humain). Cette citation illustre comment la ruse, loin d’être une simple manipulation, peut devenir un acte de création et de transformation, un moyen de résister et de s’affirmer dans un monde régi par des forces extérieures.


  1. La ruse comme acte de résistance ou de redéfinition des normes

Dans Soi-même comme un autre (1990), Paul Ricoeur explore la construction de l’identité à travers les relations avec autrui. Selon lui, l’identité ne se forge pas uniquement à travers des moments de consensus ou de conformité, mais surtout à travers des moments de conflit et de négociation. La ruse, dans ce cadre, devient une manière de redéfinir son rôle face à l'extérieur, de refuser ce qui est imposé et de négocier ses propres normes. Elle s'intègre ainsi dans un processus de construction de soi où l'individu réagit aux contraintes extérieures en ajustant sa place dans le monde. La ruse devient ainsi un acte d'affirmation de soi et de négociation de sa place dans un monde où les règles semblent immuables. Dans la Genèse, Jacob, en usurpant la bénédiction de son frère Ésaü, incarne une ruse qui vise à redéfinir son statut dans une famille où il semble être injustement écarté. Ce n’est pas simplement une manipulation, mais une lutte pour se faire reconnaître dans un système où les règles sont établies à l’avance. Prométhée agira pour les hommes dans le même sens.

A l'échelle de la personne, la ruse, redéfinie comme intelligence visionnaire et acte de résistance, apparaît comme un moyen de réinventer le monde. En refusant de se soumettre aux règles imposées, l'individu n'agit pas seulement pour manipuler la réalité, mais pour créer une nouvelle manière d'être. Dans des contextes sociaux et politiques, cette forme de ruse permet à ceux qui sont opprimés de reconstruire leur autonomie et de redéfinir les structures de pouvoir en place. Ainsi, dans le cas de Jacob, sa ruse devient un acte de réaffirmation, un moyen de se libérer d'un destin où il semblait être désavantagé. La ruse permet à l’individu de refuser une situation jugée injuste et de forger son propre chemin. En ce sens, elle participe à la transformation du monde, tout comme Prométhée, dont l'astuce a permis de libérer l'humanité de l'ignorance et de la soumission.




IV. Une réflexion sur l’accomplissement de la personne

  1. Ruse, prudence et discernement

Dans la Somme théologique (II-II, q. 47), Thomas d’Aquin définit la prudence comme "la droite raison dans l’agir" (recta ratio agibilium). Pour lui, la prudence est la capacité de discerner le bien dans une situation donnée et de choisir les moyens appropriés pour l’atteindre. Il distingue la prudence, qui repose sur une intention droite et orientée vers le bien, de la ruse (dolus), qu’il associe souvent à une intention déviée. Cependant, il nuance cette vision dans certains cas. La ruse, quand elle est utilisée non pour tromper, mais pour contourner une injustice et promouvoir un bien supérieur, peut participer à une forme de sagesse pratique. Thomas d’Aquin admet que "l'usage de moyens astucieux peut être excusé, pourvu que l'intention soit droite et ordonnée vers un bien licite" (Somme théologique, II-II, q. 55, a. 3). Ainsi, dans le contexte de Jacob, ses actes rusés, comme dans Genèse 27, ne visent pas un mal intentionnel mais participent à l’accomplissement d’un dessein providentiel plus grand.


2. Ruse : la créativité dans la transgression

Paul Tillich, dans L’éthique de l’autonomie (1963), insiste sur la dimension créative de l’acte humain, y compris lorsque celui-ci transgresse les normes établies. Pour Tillich, toute éthique véritable doit reconnaître la tension entre la loi morale et la liberté créative de l’individu. Il écrit : "La transgression des règles établies peut être le point de départ d’un renouvellement éthique, lorsque cette transgression vise à affirmer des valeurs plus profondes que celles contenues dans les lois existantes." Cette pensée éclaire particulièrement la figure de Prométhée, dont le vol du feu dépasse la simple rébellion contre Zeus. Tillich y verrait un acte de création éthique, posant les bases d’une humanité plus autonome et responsable. La ruse de Prométhée, loin d’être un acte destructeur, devient un geste fondateur, mettant en lumière la capacité humaine à transcender les limites imposées pour servir un idéal supérieur.




Conclusion

La ruse, souvent perçue comme un acte de manipulation ou de tromperie, se révèle dans les récits de Jacob et de Prométhée comme une force transformatrice et émancipatrice. Jacob incarne une ruse évolutive, passant de la tromperie individuelle à une sagesse relationnelle et spirituelle. Prométhée, quant à lui, représente une ruse tournée vers le collectif, défiant les normes divines pour offrir à l’humanité les outils de son autonomie.

Les exemples contemporains, tels que la résistance passive de Gandhi, les marches non violentes de Martin Luther King Jr., ou encore les actions des lanceurs d’alerte, montrent que la ruse, loin d’être une tromperie, peut retrouver la noblesse de son étymologie en constituant une arme morale face aux injustices systémiques. Ces figures modernes prolongent l’idée d’une ruse éthique, transformant des situations de contrainte en opportunités d’émancipation. Ces récits anciens et modernes nous rappellent que la ruse, lorsqu’elle est guidée par des principes supérieurs, est une force d’innovation et de résilience face à l’adversité.





 

Sources

  1. Hésiode, Théogonie, v. 535-570.

  2. Jacqueline de Romilly, Pourquoi la Grèce ?, Éditions de Fallois, 1992.

  3. Teilhard de Chardin, Pierre. Le phénomène humain. Paris : Éditions du Seuil, 1955.

  4. Paul Ricoeur, Soi-même comme un autre, Seuil, 1990.

  5. Thomas d’Aquin, Somme théologique, II-II, q. 47, II-II, q. 55, a. 3.

  6. Paul Tillich, L’éthique de l’autonomie, Payot, 1963.








bottom of page