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1/3 Apaisement, sens et nature dans la série "Sur les pistes de l'apaisement"


Avant-propos et rappel du contexte de rédaction

Dans la série précédente, nous avons évoqué diverses voies des traditions philosophiques et religieuses pour se recentrer et trouver l'équilibre intérieur. A présent, alors que la rentrée est bien entamée, et que certains d'entre vous ont choisi de suivre le MOOC sur la joie, voici la nouvelle série thématique "Sur les pistes de l'apaisement".


Pourquoi cette série thématique ?

Comment être dans la joie si le calme intérieur est troublé, si le corps provoque un mal-être, si le rapport à l'extérieur est source de malaise ? Penchons-nous sur les trouvailles de ceux qui nous ont précédés. Peut-être qu'adaptées à notre vie moderne, certaines pourraient être bénéfiques.


Nous nous intéresserons à des pratiques reliant, dans cette interface qu'est le corps, l'espace intérieur et l'espace extérieur. Des méthodes, souvent enracinées dans des traditions ancestrales ou (re)découvertes récemment, exploitent les bienfaits du contact avec la nature, des interactions avec les animaux, et des expressions émotionnelles pour nous aider à nous apaiser.


Cet écrit n'est pas un article de recherche, mais une introduction à la réflexion philosophique et théologique accessible à un large public, sans sacrifier la pertinence de la réflexion. Pour des articles plus savants, vous pouvez consulter la section "Réflexions" de mon blog.




Introduction : le mouvement et l’immersion

Des pratiques de reconnexion à la nature et à soi-même utilisent le mouvement du corps, l’exploration de l’espace intérieur et l’interaction avec l’environnement extérieur. Elles servent de véritables exercices de présence, alliant le bien-être physique à une sérénité mentale, et permettent à chacun de se reconnecter à ses sensations et à son environnement immédiat. Issues de diverses traditions et influences culturelles, ces pratiques sont faciles à intégrer au quotidien et offrent une voie d'apaisement et de redécouverte de soi par la nature.



1. Apaisement, toucher et nature

a. Écothérapie

L'écothérapie a été popularisée dans les années 1990 par Howard Clinebell, un psychothérapeute américain qui a mis en avant les bienfaits thérapeutiques du contact avec la nature pour traiter le stress, la dépression et l'anxiété. L'écothérapie inclut des activités comme la marche en forêt, le jardinage, ou simplement s'asseoir dans un parc pour se reconnecter à l’environnement naturel. Elle repose sur l'idée que le contact direct avec la nature stimule la guérison psychologique et physique.


b. Grounding (Ancrage)

La pratique du grounding a été développée et promue par Clint Ober, un innovateur américain et expert en câble qui, après une longue carrière, s’est intéressé aux effets de la connexion physique à la Terre sur la santé humaine. Il a découvert que le contact direct avec le sol permet de capter des électrons libres qui réduisent l'inflammation et favorisent la relaxation. Le grounding se pratique en marchant pieds nus sur l'herbe, le sable ou la terre, ou en utilisant des tapis conducteurs pour recréer cet effet.


c. Jardinage ou horticulture thérapeutique

Le jardinage est une pratique ancienne présente dans toutes les cultures, mais son utilisation à des fins thérapeutiques a été formalisée au XXe siècle par des professionnels de la santé qui ont reconnu ses bienfaits psychologiques et physiques. En touchant la terre, en plantant des graines et en s'occupant des plantes, on développe une relation apaisante avec la nature, qui peut être thérapeutique pour ceux qui souffrent de stress, d’anxiété ou de dépression.



2. Apaisement, déplacement et temps

a. Balade méditative

Cette pratique trouve ses racines dans les enseignements bouddhistes, particulièrement dans les traditions du Zen et du Theravada. Le maître vietnamien Thich Nhat Hanh a grandement popularisé cette forme de méditation dans le monde occidental. Elle consiste à marcher lentement et consciemment, en synchronisant chaque pas avec la respiration. Cette marche méditative aide à ancrer l’individu dans le moment présent, permettant une reconnexion à soi et à son environnement immédiat.


b. Sauntering (Flânerie)

Popularisée par Henry David Thoreau, philosophe et écrivain américain du XIXe siècle, la flânerie (ou « sauntering ») est un art de marcher sans but précis, en prenant le temps d’observer et de ressentir l’environnement. Thoreau en parle notamment dans son essai Walking, publié en 1862 après sa mort. Dans ce texte, il décrit la marche comme une activité essentielle pour se reconnecter à la nature et à soi-même, loin des contraintes de la société. Thoreau utilise le terme sauntering pour illustrer une forme de marche contemplative, sans destination définie, où l’essentiel est de savourer chaque pas et de se laisser surprendre par le chemin.

Il explique que la flânerie est une forme de rébellion contre le rythme effréné de la société industrielle, prônant une approche lente et attentive qui permet de retrouver une connexion authentique avec le monde naturel. Thoreau compare même les flâneurs à des pèlerins spirituels, errant librement dans la nature, sans précipitation. Pour lui, marcher ainsi est une manière de retrouver une liberté intérieure et une harmonie perdue, en accord avec son idéal de vie simple et proche de la nature.


c. Randonnée contemplative

La randonnée contemplative, bien que non attribuée à un créateur précis, s'inspire des pèlerinages spirituels tels que le Chemin de Compostelle. Cependant, contrairement aux pèlerinages, qui ont un objectif spirituel ou religieux défini, la randonnée contemplative se concentre sur l’expérience du moment présent, sans but précis au-delà de la marche elle-même. Elle invite à ralentir, à s’arrêter pour observer la nature, et à se laisser imprégner par les paysages. C’est une pratique facile et flexible, accessible à tous.



3. Apaisement, immobilité et relativité

a. Observation du ciel

Inspirée de la pratique méditative Dzogchen du bouddhisme tibétain, l’observation du ciel consiste à contempler l’immensité du ciel pour se libérer des pensées et ressentir une paix intérieure. Cette pratique invite à sortir de soi pour s’immerger dans un espace sans limites, stimulant l’ouverture et le lâcher-prise. Elle peut être pratiquée partout, même en ville, et offre une pause contemplative accessible au quotidien.


b. Observation du microcosme

A l'inverse, certaines pratiques invitent à observer le monde infiniment petit des insectes afin de prendre conscience de la différence entre notre temporalité et la leur, entre notre individualité et leur effet de groupe, entre leur cheminement et notre état faussement statique, entre leurs parcours et mouvements a priori indéterminés et aux raisons obscures pour l'humain avec notre tracé de vie que nous pensons maîtrisé.



Conclusion

Ces pratiques permettent de créer un lien puissant entre le corps, l’esprit et la nature environnante. Elles offrent des moments de calme et de ressourcement, accessibles à tous, et favorisent un équilibre entre l'espace intérieur de chacun et le monde extérieur sans attente de contrepartie.


Grâce au contact avec la terre, c'est le corps comme médiateur de bien-être, et non plus de souffrance, qui est mis en avant par ces pratiques accessibles à tous.  Le "déplacement observé", lent ou soutenu dans diverses balades, nous rend à la fois "actant" et "spectateur" ce qui favorise le lâcher-prise vis-à-vis des concepts de cadence, de date butoir, de rendement et de gain. L'action est alors liée au plaisir du moment présent et non à une réaction à venir ou une conséquence future. Sans but et sans contraintes, il n'y a pas d'attente de dividende.


Comme avec l'observation du ciel, la différence d'échelle permet de prendre conscience que nous ne sommes pas le centre du monde, que nous ne le portons pas sur nos épaules. Nous ne le soutenons plus, il ne nous écrase pas : nous y participons.


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