Introduction
Avec cet article, nous arrivons à la fin de la série “L'art de l'instant : pour une journée plus douce”, un voyage au cœur moments privilégiés et transformateurs. Chaque article vous a accompagné à travers des pauses clés dans la journée : débuter avec intention, respirer en pleine conscience, redécouvrir la beauté de l’ordinaire, et cultiver l’écoute bienveillante.
Pour clore cette série, nous nous penchons sur un geste universel et intime : le repos en fin de journée. Ce moment est une opportunité précieuse de déposer les bagages émotionnels, de calmer l’esprit et de préparer son être intérieur à un sommeil réparateur. Inspirée par les traditions spirituelles du monde entier et soutenue par les avancées neuroscientifiques, le lâcher-prise est une clé pour transformer la qualité de vos nuits et, par extension, de vos journées.
Libérer l’esprit pour une nuit apaisée
La fin de la journée est un moment propice pour relâcher les tensions et apaiser les préoccupations accumulées. C’est un espace de transition entre l’agitation du quotidien et le repos nocturne. Pourtant, nous sommes souvent tentés de ruminer, emportés par des pensées non résolues ou des émotions résiduelles. Prendre conscience de cet instant et en faire un rituel de lâcher-prise permet de préparer l’esprit à un sommeil réparateur, tout en cultivant un équilibre intérieur durable.
Les traditions spirituelles et philosophiques du monde entier nous offrent des outils précieux pour appréhender ce moment :
Le bouddhisme nous enseigne l’art du non-attachement, un état dans lequel les soucis et désirs ne dominent plus nos pensées.
Le christianisme valorise le pardon comme un chemin de libération intérieure, apaisant les conflits avec soi-même et les autres.
En psychologie contemporaine, le pardon joue un rôle essentiel dans la réparation des blessures émotionnelles et la restauration des relations interpersonnelles. Selon Claude Steiner, psychologue clinicien et pionnier de l'alphabétisation émotionnelle, savoir demander pardon sincèrement est une compétence émotionnelle clé pour maintenir des relations saines. Par ailleurs, la psychologie positive considère le pardon comme une démarche active pour dépasser le ressentiment, en cultivant des sentiments de bienveillance et de compassion envers l'offenseur, ce qui favorise le bien-être psychologique. Ces perspectives mettent en lumière l'importance du pardon dans le processus de guérison émotionnelle et la promotion d'une santé mentale équilibrée.
Ces approches convergent vers une même idée : accueillir la fin de la journée comme une opportunité de relâcher les charges mentales, tout en nourrissant une sérénité durable.
Astuce pratique : un rituel pour une transition douce
Pour intégrer le lâcher-prise dans votre routine du soir, essayez ce rituel :
Remerciez : Prenez un instant pour vous remémorer un détail positif de la journée. Cela peut être une interaction, une sensation ou un moment de calme. Exemple : “Je suis reconnaissant d’avoir apprécié une promenade sous le soleil.”
Visualisez : Imaginez vos préoccupations comme des feuilles flottant sur un ruisseau. Laissez-les dériver, sans chercher à les retenir. Exemple : “Je relâche ma tension face à une échéance professionnelle.”
Pardonnez : Choisissez un geste symbolique de pardon, pour vous-même ou envers une autre personne. Ce n’est pas nécessairement une validation, mais un acte de libération intérieure. Exemple : “Je me pardonne de ne pas avoir tout accompli aujourd’hui.”
Les neurosciences et le lâcher-prise
Nos esprits ont tendance à ruminer les problèmes non résolus, un mécanisme de survie qui, malheureusement, peut nuire à la qualité de notre sommeil. Cette rumination est liée à l’activation excessive du Default Mode Network (DMN), un réseau cérébral identifié pour la première fois par Marcus Raichle et son équipe en 2001. Ce réseau est particulièrement actif lorsque nous sommes au repos ou plongés dans des pensées introspectives, comme la réflexion sur le passé, l’avenir ou notre identité. Le DMN inclut plusieurs régions du cerveau, notamment :
Le cortex préfrontal médial, associé à l’introspection et à l’évaluation émotionnelle.
Le cortex cingulaire postérieur, impliqué dans la mémoire autobiographique.
Les lobes pariétaux, qui participent à l’intégration d’informations externes et internes.
En exprimant de la gratitude ou du pardon, vous déplacez l’activité cérébrale vers des réseaux liés à la pleine conscience et au bien-être, comme le réseau exécutif central, atténuant ainsi l’hyperactivité du DMN.
Un geste concret pour ce soir
Avant de dormir, écrivez dans un carnet :
Une chose pour laquelle vous êtes reconnaissant (par exemple : "J’ai reçu un sourire chaleureux aujourd’hui").
Une pensée que vous choisissez de relâcher (par exemple : "Je me détache de l’anxiété liée à ce dossier").
En répétant ce rituel, vous entraînez votre cerveau à se libérer des tensions et à associer la fin de la journée à un sentiment d’apaisement.
Clôturer sa journée avec sérénité est bien plus qu’un acte de bien-être : c’est une manière de préserver sa santé mentale et physique, tout en cultivant un esprit plus résilient et équilibré.
Conclusion
La série “L'art de l'instant : pour une journée plus douce” a été pensée comme un compagnon dans votre quête d’équilibre et d’épanouissement. Chaque article visait à illuminer des instants clés de la journée, en montrant que même au cœur des routines, il est possible de se reconnecter à une sagesse intemporelle et de créer des espaces de sérénité.
Avec ce dernier moment de lâcher-prise, nous clôturons ce cycle en vous invitant à intégrer ces enseignements dans un mouvement continu de transformation. Lâcher prise chaque soir, c’est reconnaître la valeur du repos et du renouveau, tout en préparant l’esprit à accueillir le jour suivant avec clarté et force intérieure.
Merci d’avoir suivi “L'art de l'instant” jusqu’au bout. Que ces pratiques continuent de vous accompagner, éclairant vos journées et nourrissant votre chemin de vie. 🌟
Sources
Claude Steiner, L’A.B.C. des émotions – Un guide pour développer force personnelle et intelligence émotionnelle, ,éditions InterEditions, 2014.
Muñoz Sastre, M., Mullet, E. et Lecomte, J. (2014) . Chapitre 12. Le pardon : une porte ouverte sur l’avenir. Dans Lecomte, J. (dir.), Introduction à la psychologie positive. ( p. 181 -195 ). Dunod. https://doi.org/10.3917/dunod.lecom.2014.01.0181.
Raichle, M. E., et al. (2001). "A default mode of brain function." Proceedings of the National Academy of Sciences, 98(2), 676-682.